LANSANA CONTE : LE MILITAIRE

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C’est le Premier Juin 1955 à l’âge de 21 ans, que Lansana Conté fut recruté dans l’Armée Coloniale Française, et envoyé d’abord à Bingerville en Côte d’Ivoire, ensuite à Saint-Louis du Sénégal. Après sa formation, il est affecté en Algérie qui mène, une guerre de Libération contre la Puissance Coloniale Française sous la bannière du FLN, le Front de Libération Nationale. A l’Indépendance de la Guinée proclamée le 2 Octobre 1958, comme bon nombre  de ses compatriotes se trouvant sous le drapeau Français, le Sergent Lansana Conté, décida de rentrer dans son pays, et de se mettre à la disposition des nouvelles autorités. Il débarque ainsi dans la nuit du 31 Décembre 1958 au Port de Conakry. Commence alors pour lui, une longue et brillante carrière au service de son pays. Il achève sa formation d’Artilleur au Camp Kémé Bouréma de Kindia avant de servir au Camp Samory Touré, dans les Camps de N’Zérékoré, de Kankan, de Koundara, et de Boké.

Il est aussi, Commandant du Sous- Groupement Tactique de Gaoual, et de Compagnie  de  Télimélé. Lors de l’Agression Portugaise du 22 Novembre 70, il se voit confier, la surveillance de Conakry à partir de l’Ile de Tamara. Au terme de cette mission du reste bien remplie, il est promu Capitaine à titre exceptionnel par le Président Ahmed Sékou Touré. Il sera par la suite, nommé Commandant de la zone Opérationnelle Nord avec Boké pour base. A partir de cette position et celle de Sansalé, il prendra une part active  à la lutte de Libération de la Guinée-Bissau sous la direction du PAIGC. Son génie et son adresse d’Artilleur, sèmeront morts et désolation dans le camp ennemi. A tel enseigne, que jusqu’aujourd’hui encore,  son nom fait figure de légende, dans les villages et villes de ce pays frère.  Bissau, Bafata, Ngabou, Bourountouma et Madina Bowé.

C’est après tant d’exploits, que Lansana Conté promu Commandant puis Lieutenant-Colonel et Colonel, rejoindra l’Etat-Major des Armées à Conakry et nommé Chef d’Etat-Major Adjoint de l’Armée de Terre. Il est élu Député à l’Assemblée Nationale et comble de confiance, il est choisi pour être l’Aide de Camp du Président Ahmed Sékou Touré dont précision importante, tous  les Membres de l’Etat-Major Général, et la plupart des Commandants d’Unités, étaient  de son Ethnie. En atteste, sa composition jusqu’à sa mort le 26 Mars 1984 et la prise du pouvoir par l’Armée, le 3 Avril 1984.

Chef d’Etat- Major Général des Armées : Général Toya Condé,

Chef d’Etat- Major Général Adjoint des Armées : Général Soma Kourouma et cumulativement Chef d’Etat- Major de l’Armée de Terre

Chef d’Etat- Major de l’Aviation Militaire : Capitaine Abdourahmane Kaba

Chef d’Etat – Major de la Marine : Capitaine Mohamed Lamine Sakho

Chef d’Etat- Major de la Gendarmerie Nationale : Commandant Makan Camara

Chef d’Etat Major de la Milice Nationale : Capitaine Mamadi Bayo

Commandant du Camp Alpha Yaya Diallo : Commandant Sidiki Condé

Commandant du Camp Boiro : Commandant Siaka Touré

Commandant des Blindés : Capitaine Baourou Condé.

D’autres Officiers Supérieurs toujours de l’Ethnie du Président Ahmed Sékou Touré, comme les Commandants Abraham Kabassan Keita et Siaka Touré, sont respectivement Ministres des Travaux Publics et des Transports, le premier dont le charme le disputait à la popularité, sera arrêté et interné au Camp Boiro. C’est son Ami Lansana Conté, qui ira le libérer au petit matin du 3 Avril 1984. Le Colonel Diarra Traoré et les Commandants Sidy Mahmoud Keita et Karifa Kourouma, sont Gouverneurs de Région pour ne citer que ceux-là. Les questions qui méritent d’être posées aujourd’hui, sont celles de savoir comment le Militaire Lansana Conté, a pu échapper à toutes les purges intervenues dans l’Armée et comment, a t –il pu survivre dans l’environnement de l’Etat-Major Général des Armées oû il était, le seul à ne pas appartenir à l’Ethnie du Président Ahmed Sékou Touré. Homme de grandeur et de foi, sans aucun esprit revanchard, le Militaire Lansana Conté, devenu Président de la République de Guinée, a pris soin de la famille de son Prédécesseur, dont il n’a jamais prononcé le nom en public, se contentant de dire respectueusement en Soussou : »womma Mangué Singé », c’est-à-dire notre Premier Chef. Il est allé, jusqu’à nommer un de ses neveux, le Général Arafan Camara, Chef d’Etat- Major Général des Armées, la Magistrate Fanta Toya Condé, Chef de Cabinet Civil à la Présidence  avec pouvoirs étendus, son Mari Monsieur Sano, Chef de Cabinet au Ministère du Plan, et Oulaba Kabassan Keita, Conseiller Chargé de Mission à la Présidence de la République, parmi tant d’autres. De  Lansana Conté le Paysan à Lansana Conté le Militaire, se dégage un Homme de grande valeur, profondément enraciné dans les valeurs  cardinales et les vertus remarquables  de notre chère Guinée, dont il a toujours allégrement bu, la liqueur des traditions. Qu’en est-il du Président ? La Réponse dans notre prochain article sur celui qui à notre avis, demeure le Meilleur Président de la République de Guinée en termes de partage, de tolérance et d’intégration des faits historiques et sociologiques dans la gouvernance. Une gouvernance entachée par le « wofatara » du 5 Juillet 85, et la répression de la grève de Janvier-Février 2007 qui aurait fait plus de 200 morts et de nombreux blessés.

 

Amadou Diouldé Diallo