SON ACCESSION AU POUVOIR : Aucun pouvoir qui s’installe dans la durée, ne peut échapper à la formation et à la lutte des clans composés des proches du Président. Et tous, en font leur fond de commerce et poussent leur obsession à lui succéder, jusqu’à scier la branche sur laquelle ils sont tous assis et qui n’est autre, que le Président lui-même. Le PDG, n’a pas fait exception à la règle. A la mort du Président Ahmed Sékou Touré le 26 Mars 1984 à Cleveland aux Etats-Unis, les Membres du Bureau Politique National et du Gouvernement, ont aussitôt affichés leurs ambitions, en faisant valoir leur légitimité à succéder au Responsable Suprême de la Révolution. Ce dernier de son vivant, a exercé un pouvoir sans partage, de sorte que nulle part dans la Constitution, un Dauphin n’est désigné.
Mais, tout indiquait le Premier Ministre Lansana Béavogui, Compagnon de première heure, fidèle parmi les fidèles, comme successeur du Président Ahmed Sékou Touré. Une certaine unanimité s’était même faite autour de lui. Sauf qu’ Ismael Touré, le demi-frère du Président Ahmed Sékou Touré, ne l’entendait pas de cette oreille. Le Tout Puissant Ministre de tout le secteur économique, qui est accusé d’avoir éliminé dans des conditions atroces, des centaines de Guinéens, notamment les Cadres susceptibles de lui barrer le chemin du fauteuil présidentiel, revendique avec force et mépris, le pouvoir comme si, la Monarchie avait remplacé la République.
Plusieurs Chefs Militaires lui font allégeance et ont pour mission, de rechercher et d’éliminer, tous ceux qui veulent s’opposer à sa ascension Présidentielle. Ismael Touré bénéficie aussi, du large soutien du clan Touré. Ce que n’admettra pas la belle-famille du Président Ahmed Sékou Touré. la Première Dame et ses demi-frères Keita, se mobilisent alors rapidement, autour de Mamadi Keita, le Ministre de l’Education Nationale. La République devient alors, une affaire de famille et de belle-famille, jusque dans les Cases de la Villa Coléah oû, des réunions se tiennent, en présence des partisans des deux camps, qui se lancent des invectives de toutes sortes. Malgré toutes les médiations de personnes de bonne volonté, qui conseillent de se ranger derrière le Premier Ministre Lansana Béavogui, et d’accepter le choix porté sur lui, et qui va être consacré le 3 Avril 1984, au Conseil Extraordinaire de la Révolution dans la solennité du Palais du Peuple, rien n’y fit.
La nuit du 2 au 3 Avril 1984, fut une nuit de longs couteaux, qui renvoya famille et belle-famille du Président Ahmed Sékou Touré et leurs Princes, Ismael Touré et Mamadi Keita, dos à dos. Récit d’un témoin. Face à une telle adversité, personne ne fut surpris d’entendre au petit matin du 3 Avril 1984, la Voix du Capitaine Facinet Touré, annonçant la prise du pouvoir par l’Armée sous la direction du Comité Militaire de Redressement National CMRN. Des scènes de joie sont enregistrées dans tout le pays. Le 5 Avril, les auteurs du Coup d’Etat qui met fin à 26 ans de règne sans partage du PDG, se réunissent aux Usines Militaires à la Tannerie, et porte le Colonel Lansana à la tête de la République de Guinée. Ainsi, le Chef d’Etat Major Adjoint de l’Armée de Terre et Aide de Camp du Président Ahmed Sékou Touré lui succède et devient le Deuxième Président de la République de Guinée.
A suivre, les acquis de Lansana Conté
Amadou Diouldé Diallo