LES GRANDES BATAILLES DU FOUTA suite

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Après avoir victorieusement conduit la bataille de Tourban-Kansala dans le Ngabou contre le Chef Animiste Diankéwali Waly Sané, le Seydiyanké Almamy Oumar mo Almamy Abdoul Gadiri, mo Almamy Sory Mawdho, ne rentra pas vivant à Timbo. Il mourut sur le chemin de retour  dans le village de Dombiadji entre Foulamory et Koumbia. Dans l’ordre, il fut remplacé par les Almamys Sory Dara, Ibrahima Donghol Fela et Amadou Dara. Son fils Almamy Bocar Biro, succèdera à ce dernier, sur fond de contestations et d’oppositions, tant de son clan d’appartenance, les Soriya, que celui des Alphaya. En effet, une majorité des deux clans, de chefs de provinces et de notables de haut rang, étaient plutôt favorables à l’intronisation de Abdoulaye Dokiri, frère de lait de Mamadou Yéro Paté et demi-frère de l’Almamy Bocar Biro.

Devant  son intransigeance, son autorité et sa  puissance, tous ses adversaires abdiquèrent mais, entreprirent en cachette, des plans complotistes qui obligèrent Bocar Biro, à prendre la fuite et d’aller chercher refuge dans le Monoma et le Kébou à Télimélé. Par la géographie, il parvint à suivre la rivière Kassa entre Popodara et Diountou, jusque dans le Diari, traversa le fleuve Kakrima, pour arriver sur ces terres du Timbi, loin de son Timbo et de son turban d’Almamy du Fouta. Il y séjourna, avec tous les honneurs dûs à son rang, que les Chefs de ces deux provinces, lui accordèrent. il inaugura des mosquées, présida des séances de finalisation de la maitrise du Saint Coran, tout en ayant les informations, sur tout ce qui se passait à Timbo, oû beaucoup, avaient pariés sur son non retour, sur la consommation de sa défaite.

Alors décidèrent-ils, d’introniser son demi-frère Abdoulaye Dokiri, comme 14é Almamy du Fouta. C’était sans compter sur la bravoure et la ténacité, de l’Almamy Bocar biro. Le Lion était blessé, mais il n’était pas mort. Alors il rugit de sa tanière occasionnelle, il reconstitua ses troupes. Parmi elles, des fidèles venus de partout, et l’essentiel constitué des corps d’élites du Monoma et surtout du Kébou qui, même au sein du Fouta, avait avec le Koin, bâtis leur réputation, sur leur ardeur et leur témérité au combat.

Ces troupes, furent placées sous le commandement du Hélayanké Thierno Amadou Kidiré. Le 2 Février 1896, elles affrontèrent celles de Abdoulaye Dokiri et de tout le reste du Fouta, qui ne souhaitaient pas voir Bocar Biro devenir Almamy du Fouta. A cause de sa sévérité, mais surtout à cause du fait, qu’il avait décidé de mettre fin à l’alternance Alphaya- Soriya qui, à ses yeux, constituait le talon d’Achille de la résistance aux colons Français dont la percée, de la côte à l’intérieur des terres, commençait à devenir une réelle menace pour le Fouta. Ses adversaires, ne percevaient pas ce danger.la bataille de Petel Djiga, entendez le rocher aux charognards, fut sanglante.des guerriers intrépides y laissèrent leurs vies, certains, qui avaient encore quelques forces pour s’enfuir, ne s’arrêtèrent qu’au fromager de Dalein dans le Labé. Bocar Biro Vainqueur, reprit son turban et son trône d’Almamy.

Mais ce sera pour neuf mois et douze jours exactement. Car, le Samedi 14 Novembre 1896, eut lieu la mémorable bataille dans la plaine de Bombey à Porédaka, contre les colons Français. Ce sera l’objet de notre prochain article.

Amadou Diouldé Diallo