LUTTE TRADITIONNELLE : UNE DISCIPLINE OUBLIEE

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En exhumant des profondeurs du temps, mes souvenirs d’adolescence à Gaoual, je m’en voudrais et en voudraient à toute la communauté du sport national, pour n’avoir pas su maintenir et perpétuer la pratique de la lutte traditionnelle qui comme son nom l’indique, est la seule discipline sportive de notre pays et peut être même de la sous-région, qui ne soit pas le fait du contact avec l’Europe, pour dire le mot tel qu’il est, de la colonisation. Autrement dit, la lutte traditionnelle n’est pas une importation, c’est plutôt une partie intégrante de nos us et coutumes, de nos pratiques participatives à l’expression de notre identité. Je revois encore les images fortes des séances de lutte de traditionnelle soutenues par le crépitement des tam-tams, les applaudissements frénétiques de jeunes filles induites de beurre de karité, et les incantations d’onomatopées, en présence de foules compactes, denses et immenses, devant des responsables politiques des années 70 à Gaoual. Tous, prenant une part active aux chaudes empoignades des lutteurs de KOLY et de BINANI. Le vainqueur de la soirée s’appelait YILO, il était de Binani. cela a suffit pour que le Secrétaire Fédéral Elhadj Amadou fils du terroir, se moqua des autres membres du bureau fédéral fils de Koly, les camarades Dansa Kanté, Hothia Diallo et Alpha Saliou Diallo. Et, je ne saurais compter le nombre de fois que j’ai assisté à ces séances de lutte traditionnelle à Koumbia, Foulamory et Wedou N’borou, dont les lutteurs étaient parfois, aux prises avec ceux du Badiar. Et de rappeler que bien avant moi, l’Honorable Kabiné Kouyaté qui fit ses premières classes à l’école primaire de Madina Guilédji, le chef-lieu du canton de Bowé-Leymayo, avec son oncle Mamy Kouyaté qui en était l’instituteur, avait vécu là, sa première passion avant de faire le tour du Monde dans la couverture des grandes manifestations sportives. C’est peut-être conscient de la menace de disparition des rayons de notre sport de la lutte traditionnelle, que le Général Lansana Conté avait fait organiser à Koundara, Gaoual et Boké ou il servit comme militaire, de grandioses séances à travers la fédération Guinéenne de la discipline dirigée à l’époque par Monsieur Ousmane Bangoura un ancien membre du bureau fédéral de Kindia, avec la Société Entag de Monsieur Bernard Lamarque comme Sponsor. L’Enfant de Bouramayah, ira plus loin en ordonnant la construction d’une arène de lutte à Koundara. Malheureusement, le projet ne vit jamais le jour, par la faute des budgétivores de l’Etat tapis dans les bureaux feutrés de l’Administration. Aujourd’hui, il est urgent et important que le Gouvernement à travers le Ministère de la Jeunesse et des Sports, s’intéresse à la relance de la pratique de la lutte traditionnelle qui fait la fierté et l’affirmation souveraine des pays comme le Sénégal et le Niger.

Amadou Diouldé Diallo