C’est Thierno Abdourahmane Bah l’avant-dernier fils du Vénéré Waliou Thierno Aliou Bhoubha Ndiyan, qui a initié le Khalifat au Fouta, en même temps que sa rotation entre ses trois grands ensembles à savoir le Timbo, le Timbi et le Labé. Initiateur, Il avait lui-même assuré la première Présidence jusqu’à sa mort. Il sera remplacé par Elhadj Mamadou Barry de Timbo. A la disparition de ce dernier, le Khalifat revint donc de fait à Elhadj Mamadou Bano Bah au nom du Timbi.
C’est ce grand Baobab qui s’est couché dans la nuit de ce 2 Octobre, comme pour incruster dans le marbre son nom, en ce jour historique de l’accession de notre pays à l’Indépendance et à la pleine Souveraineté. Fils du sabre et de l’encrier, comme le sont particulièrement ceux du Timbi, Elhadj Bano est toujours resté dans la majesté avec la même liberté de ton, sans jamais monnayer son honneur et sa dignité contre des billets de banque et autres cadeaux empoisonnés, pour livrer le Fouta, aux différents pouvoirs qui se sont succédés à la tête de la Guinée. Face surtout, à celui de Alpha Condé qui avait fait du Fouta, « sa brousse à gibier », non seulement dans la région, mais aussi à Conakry sur l’Axe le Prince, majoritairement habités par ses fils, et notoirement de son Timbi, dont 232 victimes connues, reposeraient au cimetière de Bambeto, auxquelles viennent s’ajouter des handicapés à vie du fait des blessures à balles réelles, des tortures, des emprisonnements, des rançons, et plus grave, des injures à caractère ethnique, doublées de négation d’appartenance à la Guinée comme si celle-ci était baignée par deux mers. Face à toutes ces dérives autoritaires renforcées par la discrimination, la stigmatisation et l’exclusion des fils du Fouta par le pouvoir de Alpha Condé, le Khalife Général du Fouta, n’a jamais fait dans la compromission et la conspiration par le silence, il s’est plutôt, toujours tenu debout, et dit haut et fort, ce qu’il pensait être juste et bon pour le pays. Malgré tout et envers tout, Elhadj Bano ne s’est pas éjecté de sa chaise de Khalife Général du Fouta pour descendre de son piédestal, et salir ses augustes mains, d’immondices de l’opportunisme, de l’hypocrisie, de la perfidie et de la lâcheté, en donnant les têtes de ses frères, aux bourreaux sans foi, ni loi. En dépit de son âge avancé, il a pleinement assumé les charges de sa haute fonction, même quand cela nécessitait des déplacements sur des routes en mauvais état, comme en Mars dernier à Fatako, aux obsèques du Président de la Coordination Nationale Hal Pular et Fulbhés de Guinée, Elhadj Ousmane Baldé « Sans Loi ».
Elhadj Mamadou Bano Bah avait une vaste culture islamique, et était craint pour son audace à dire la vérité, sans jamais se soucier des conséquences. Car, il n’était pas un homme ordinaire facile à affronter, un tribun des bas-fonds, à telle enseigne que même pour apparaitre en photo, il fallait avant tout, obtenir son accord, sinon le cliché sera flou.
Le Baobab Tutélaire, presque Centenaire qui vient de se coucher, appartenait à la prestigieuse famille des Ndouyébhés, qui a donné au Fouta, parmi ses plus illustres Marabouts et Walious comme Thierno Siré Bourkadié, Thierno Aliou Bhoubha Ndiyan et ses fils Thierno Mamadou, Thierno Habib et Thierno Abdourahmane,Thierno Mamadou Diouhé et son fils Karamoko Abal, Thierno Ibrahima Companya. Ce dernier est le père de l’Éminent Professeur d’Anglais, Directeur Politique de l’Organisation de la Conférence Islamique (OCI) à Djeddah en Arabie Saoudite, et Ambassadeur de la Guinée en Afrique Orientale avec pour base Dares-Salam en Tanzanie, Elhadj Mamadou Bobo Baldé. Le Leader Politique Bah Oury et le Correspondant de RFI en Guinée, Mouctar Bah, appartiennent également à cette prestigieuse famille dont les ancêtres seraient venus du Macina au Mali Au Fouta, ils habitent dans le Labé, à Dow-Saré, Companya, Manda, Koliya, Banti, Horé Comba, Sala et Tounni. Dans le Timbi, à Sintali, Bourkadié, Fitaba, Missidé-Sali et Sanka.
A noter que c’est deux fils de ce dernier village cité, Alpha Mamadou Sanka et son grand frère Ibrahima Saré Doumbouya, qui vinrent fonder le village de Souloudji dans l’actuelle sous-préfecture de Sinta à Télimélé. « Le Général De Gaulle est mort, la France est Veuve » disait Georges Pompidou. «Elhadj Mamadou Bano Bah est mort, le Fouta et la Guinée entière, sont Veufs».
Amadou Diouldé Diallo