Comme tous les footballeurs qui ont fait la gloire du football Guinéen et Africain, Mamadou Aliou Keita qui se surnomma « Njoléa », du nom du célèbre footballeur Camerounais, est un pur produit du football « chaussettes » autrement dit du football de rue dans ce Kaloum du km0. Dans les équipes des quartiers de Tombo et de Coronthie puis du 3e Arrondissement avant de taper dans l’œil des entraineurs et dirigeants de l’époque qui s’empresseront de le sélectionner dans l’équipe fédérale de Conakry 1. Mais c’est le mythique Hafia fc et le légendaire Syli National, qui vont avoir besoin de son immense talent au moment ou le fabuleux « monsieur but »Ibrahima Kandia Diallo, venait de prendre sa retraite. Njoléa devenait ainsi, un véritable pain béni pour le football Guinéen. Et c’est à la faveur du tournoi qualificatif des Jeux Africains de Lagos en 73, que l’enfant prodige va faire parler de lui à Dakar avec bien évidemment la bénédiction du trio magique Maxime- Sory-Chérif qui va généreusement donner toute la place et toute la plénitude à njoléa qui va inscrire 9 des 14 buts contre les Mourabitounes de Mauritanie. Le public du stade Demba Diop explose de joie et de bonheur en découvrant le nouveau prince du football dont la Guinée en produit à la pelle et à la chaine. Depuis cette date, Njoléa avec sa bande de copains, Papa, Bangaly, Jansky, Eusobio, va enflammer tous les stades du continent à la pointe de l’attaque et du Syli National jusque sur les hauteurs d’Addis Abeba à la CAN 76 où il sera sacré Meilleur Buteur de la compétition avec 6 réalisations. Des buts d’une limpidité inscrits dans toutes les positions, surtout dans les courses-poursuites dans les quelles il excellait grâce à sa rapidité, sa vivacité, sa résistance aux charges défensives et sa précision dans l’action finale. Njoléa est un don de la nature à la Guinée. Il se comportait comme un simple citoyen avec une extrême humilité, toujours souriant et généreux dans la parole et dans l’acte. Et pourtant, il appartenait à la précieuse race des meilleurs attaquants du continent. Le meilleur selon le génie et ballon d’or Africain, le Marocain Ahmed Faras qui au cours d’un diner qu’il m’avait offert dans sa ville natale de Mohammédia, située entre Rabat et Casablanca, m’avait dit que Njoléa était pour lui, le meilleur à son poste sur le continent. Il m’a dit se souvenir de cette grosse et lourde frappe de Njoléa à la finale de la CAN 76 que son équipe disputait contre le Syli National. Sur un de ses lumineux services, Baba l’enfant de El Jadida, une autre ville Marocaine, égalisait pour les Lions de l’Atlas. Selon la formule championnat du tournoi, ce nul donnait la coupe à son pays. Cette frappe qui sera détournée au ras du poteau par leur gardien Hazzaz sauva le Maroc avec tout de même, une fracture du petit doigt de la main droite du gardien. Le triplé du Hafia fc l’année d’après, constituera la grande consolation pour Njoléa et ses camarades dont la plupart, ne sont plus de ce monde.
Paix à leurs âmes.
Amadou Diouldé Diallo