C’est un souvenir d’adolescent lorsque j’épuisais mon kaki sur les bancs du CER 2e et 3e cycles de Sinthiourou à Gaoual. Sow Bailo venait passer des vacances dans sa nombreuse famille Awlubhé vivant au centre-ville et à Kakony. Il était déjà chanteur dans le Kolima jazz de Labé et s’était particulièrement affirmé dans l’interprétation des morceaux cubains. Très facile pour celui qui, avait séjourné à Cuba à la faveur d’une bourse de formation obtenue après ses études à l’ENAM Ecole Nationale des Arts et Métiers, et du travail de Météorologiste à l’Aéroport de Gbessia. Sow Bailo à Gaoual avec le Tominé Jazz : Thierno Saidou Dieng à la trompette, Oumar Pathé Nballo « yakus », bassiste et chef d’orchestre, « Franco demi à mort » et « Petit » à l’accompagnement, Diely Bacar Soumano au solo, Kissima Dramé, Kindaly Boplany, Mamadi Mara et Tamsir Diallo au vocal, Condé à la batterie, dans la profondeur de la nuit. Çà danse avec pleins de « bisseros ».Car, ce n’est pas tous les jours qu’on a Sow Bailo dans ses murs. Et le chantage marche à merveille. Puisqu’il est venu pour traiter ses dents à la mission médicale chinoise présente à Gaoual, il doit chanter pour payer la « facture ». pas à Gaoual seulement, mais à Kakony, Koumbia, Foulamory et Wedou Nborou aussi. Le village Saint de Touba étant épargné.
Voilà pour ce qu’on peut appeler les « carnets de vacances de Sow Bailo » à Gaoual. Une fois à Conakry, nos chemins vont se croiser plusieurs fois à Hamdallaye ; le domicile de son oncle Farba Siré, est en fait son QG.il y passe une bonne partie de ses journées à faire rire sans parcimonie, dans la détente familiale. Il se déploie un peu plus loin chez Nbady Kouyaté et à un jet de pierre, se trouve la concession de la princesse Kaldouyanké Hadja Rouguiata Diallo, une des filles du Chef de Canton Thierno Chérif Yembéring. Il sait bien la règle consacrée entre l’Aristocratie Kaldouyanké et les Awlubhés. La première doit satisfaire à toutes les demandes des seconds. Sow Bailo vise l’enclos de ma belle-mère qui lui ordonne de prendre une chèvre à sa guise. Elle y ajoute de l’argent et des habits. Et Sow Bailo d’entonner le fameux « Yeela » et d’enchainer de père en fils l’ascendance jusqu’à Karamoko Alpha Mo Labé de sa bienfaitrice matinale. Cette dernière sourire aux lèvres s’était toujours pliée aux exigences de Sow Bailo.
C’est un prince de la parole aux extraordinaires pouvoirs de raconter l’histoire, de détendre et de rapprocher par le rire, comme l’ont fait pendant des siècles, sa valeureuse ascendance dans les cours des grands chefs du Macina, du Fouta Toro et du Fouta Djallon. Son grand père L’imposant Thierno Boubou Singueti actuel Kounsitel, vint fonder le village de « Dianweli » entre Kakony et Wara Dogoun. Ceci en souvenir du village originel dans le Salambandé à Yembéring-Mali. Son arrière grand-mère Thierno Bely d’une vaste culture islamique, y fonda une école coranique de près de 500 talibés.
Ce qui constitue meme de nos jours, surtout pour une femme, un fait rarissime. Sow Bailo est le fils de Farba Ibrahima qui eut pour frères et sœur, Farba Pérédio, Farba Siré, Mamadou Samba dit « Kendo », qui fut couronné Farba à l’âge de 25 ans seulement dans le village de Fandadji situé sur la route de Kakony-Santou. C’était pour devenir le Conseiller du Kaldouyanké Alpha Ousmane Diallo promu chef de Canton du « Kinsi-Koté ». Nénan Néné Gallé « Gawlo », l’épouse de Farba Alaidhy et coépouse de Nénan Bounal, est d’un caractère trempé d’homme. Elle exploite un vaste domaine agricole à Diana à la rentrée de Koumbia. Sow Bailo était au cœur des connexions et interconnexions des familles Awlubhés de Sowkunda,Diengkunda, Seckkunda et Niangkunda. Celui qui se faisait appeler Traoré à partir du 8 Novembre et était imbattable dans l’imitation de toutes sortes, s’en est allé sans réellement vivre de son art.
Repose en Paix. Amen.
Amadou Diouldé Diallo