FOOTBALL : PAUVRE GUINEE

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J’ai vu les images d’une dizaine de membres d’une délégation de la Fédération Guinéenne de Football au siège de son homologue de la Côte d’Ivoire au Palais de Verre de Treichville. Ma première impression, c’est le côté vestimentaire avec cette mosaïque de couleurs qui présentait, une sorte de paysans qui arrivaient en ville tant de nos jours, le football moderne impose des tenues généralement, des costumes griffés du logo de la Fédération. Au mieux, les membres de cette délégation, qui étaient venus « mendier » le Stade Charles Konan Banny de Yamoussokoro pour les matchs à venir du Sily National, auraient pu porter nos tenues traditionnelles comme l’indigo ou la forêt sacrée. Malheureusement, cet aspect n’a pas été pris en compte, l’essentiel étant, d’être en Côte d’Ivoire et de le prouver, par des photos sur les réseaux sociaux avec des sourires, qui laissent penser qu’on est si fiers de faire partie de cette délégation. Peu importe l’argent dépensé, peu importe surtout et là pour tous les Guinéens, notre dignité, notre honneur et notre souveraineté, que nous continuons de piétiner sans que cela n’émeuve personne. Le Président Ahmed Sékou Touré que le Poète- Président Léopold Sédar Senghor décrivait, comme étant celui qui avait un amour tyrannique pour l’Afrique, doit se réveiller dans sa tombe. Car, le pays qu’il a conduit à l’Indépendance, disparait progressivement de la Carte de l’Afrique, du moins celle combattante, celle qui privilégie la fierté et qui renonce à la domination, en exprimant par la Culture et le Sport, son engagement à appartenir au gotha des Grandes Nations. Est-il besoin de rappeler que le Sport est devenu un échiquier sur lequel, les Nations, les Peuples et les Etats mesurent leur puissance, expriment leur souveraineté et leur diplomatie sur le plan géopolitique. Non, rien de tout cela ne pique au vif les Guinéens pour réaliser des infrastructures sportives de qualité, capables d’accueillir toutes les compétitions dans lesquelles nos équipes sont engagées. On privilégie les secteurs comme les mines, porteurs de revenus colossaux à empocher pour bâtir des immeubles, acheter des voitures de luxe, posséder des comptes en devises et envoyer les familles dans les pays occidentaux. Excusez du peu. Et voilà qu’aucun Guinéen ne se gratte, là ou ça démange lorsqu’il faut se mettre à plat ventre devant nos voisins, pour faire « mandialadji » de stade. La Côte d’Ivoire qui vient d’organiser une fabuleuse CAN, possède six dans les normes Fifa, le Sénégal  trois, le Mali un, même la Mauritanie est à jour, celle à qui, nous avons appris à jouer au football par l’envoi d’un Entraineur en la personne de Pierre Bangoura tandis que Maitre Naby Camara, faisait le même travail en Tanzanie. C’est tout heureux, que les missionnaires de la Fédération Guinéenne de Football vont rejoindre Conakry avec des cartons d’Attiéké très contents d’avoir séjournés au pays de Nana Houphouet Boigny, en ignorant la folle passion de millions de leurs compatriotes pour le football. Parmi lesquels, nos gouvernants successifs, dont la responsabilité directe, est engagée dans ce qui est convenu d’appeler, l’humiliation de cette Guinée si fière de sa riche histoire qui, faute d’héritiers capables de la perpétuer, tend à disparaitre de la Carte de ceux qui la font, au lieu de la subir.

Amadou Diouldé Diallo