J’ai entendu ce terme pour la première fois en 1977 au poste frontalier de Manian alors que je tentais de venir passer des vacances chez ma tante Idyatou Bella Galan à Abidjan. J’étais étudiant à l’Institut Polytechnique Julius Nyéréré de Kankan et avait donc mis à profit la proximité, pour effectuer ma troisième sortie du territoire Guinéen après le Sénégal en 75 et la Sierra Léone en 76. J’étais avec un groupe et avions embarqué au Marché Dibida de Kankan, à bord d’un camion pour Sabadou Barama, Bouna, Noumoudjiguila, Kalafilila pour enfin arriver à Manian. Un certain Ahmed Tidiane Souaré, Mamoudou Diallo étudiant comme moi, deux lycéennes Sountou Sano et Binta Diallo, étaient parmi mes compagnons de voyage. Nous fûmes arrêtés et conduits au commissariat de police. Et le commissaire de s’exclamer fièrement « vous etes venus voir le miracle ivoirien ». et de poursuivre « votre fameux Hafia fc, est truffé d’étrangers comme Thiam Ousmane Tolo qui est Sénégalais ». Mon sang de jeune étudiant révolutionnaire, ne fit qu’un tour pour répondre au commissaire de police de Manian comme quoi le Hafia fc ,est venu malmener l’Asec d’Abidjan à Bouaké même, et que la Guinée mon pays, était aussi un miracle. Courroux au quorum, il ordonna à ses hommes, de nous auditionner et de préparer la fourgonnette pour nous conduire à la prison d’Abidjan, pour franchissement illégal de la frontière. Ce qui fut fait rapidement. Mes camarades furent mis en garde à vue, et moi au violon, une nuit entière. Le matin, certainement pris de pitié, le commissaire nous libéra, nous offrit même le petit déjeuner et nous autorisa à poursuivre notre voyage sur Abidjan. Et nous voilà à bord d’un car rapide, heureux de découvrir le Miracle Ivoirien. Il était vrai. Car, sur tout le trajet sur une route bitumée, il y avait l’eau, le courant, la télévision et toutes les infrastructures de base à Boundialy, Seguela, Bouaké, Yamoussoukro pour les villes dont j’ai pu retenir les noms dans la profondeur de la nuit, jusqu’à notre arrivée à Abidjan sur les coups de onze heures le lendemain. Ma tante habitait aux 220 logements à Adjamé.je restai deux bons mois avant de reprendre le chemin et retrouver le commissaire de police de Manian, qui m’avait pris en estime et en amitié. Il m’offrit le gite, le couvert et quelques cadeaux en espérant des retrouvailles futures. Malheureusement ce souhait ne fut jamais exaucé, n’ayant à l’époque aucune possibilité de maintenir cette relation. Depuis, je suis revenu plus d’une vingtaine de fois en Cote d’Ivoire, en avion bien entendu, et à chacun de mes séjours, je réalise que le miracle Ivoirien est à la fois, une réalité et une évidence, même en football.
A suivre
Amadou Diouldé Diallo à la CAN.