IL était l’homonyme, du fils aîné de son père dont son cynisme l’avait poussé, à mettre fin aux jours de celui-ci au motif, qu’il était le bien-aimé de leur père, Alpha Ibrahima Bassagui. Pris de remords après cet acte crapuleux, Alpha Yaya prénomma le premier né de ses garçons, Aguibou. Car, comme son arrière- grand père, Thierno Mamadou Cellou dit « Karamoko Alpha mo Labé » dont l’ainée était Aissata Ngniré, Alpha Yaya Diallo eut pour première fille, Adama Barry Diallo. C’est la grand-mère maternelle de Thierno Mamadou Cellou communément appelé, « Grand Cellou ». Mody Aguibou, s’installa à Foulamory auprès de son père et eut une grande influence à tel point que, rien ne se passait sans lui. Il prit le Commandement des Armées et décidait, des expéditions à mener selon, les exigences de conquête et de reddition, des ennemis devenus nombreux. Sa Cour, était aussi imposante que celle de son père.
Son audace, avait fait sa réputation de même que, ses exploits de cavalier sur des chevaux de qualité venus du Sahel, qui meublaient les étables. Il héritait tout cela, de son père qui s’était illustré, dans l’apprivoisement des meilleurs étalons durant toute sa jeunesse, tel que voulu, par son père pour préparer en cachette, l’Enfant prédestiné du Fouta. Il y avait aussi, la grotte sacrée qui servait de retraite oculte et spirituelle, à Mody Aguibou et à son père. Un gros gris gris ayant la tête d’un bébé, était noué au cou de Alpha yaya. Ses expéditions, étaient conditionnées par les cris du gris gris à la sortie de la grotte.
Tout silence, était le signe de l’annulation de toute entreprise guerrière. Pourtant, malgré tous ces codes, un jour Alpha Yaya, passa outre les interdits et entreprit, une campagne contre les Tendas du Badiar, dans l’actuel Koundara contre l’avis de Mody Aguibou, le Chef des Armées. Comme on le voit, l’histoire se répète. Bocar Biro, qui brave son fils et Chef de ses armées Mody Sory, le matin même de la bataille de Porédaka, et Alpha Yaya, qui en fait autant avec Mody Aguibou. Les troupes prennent donc, le chemin du pays Tenda sous le commandement de Alpha Yaya. Sa posture, est celle du père qui veut défier son fils en lui prouvant, qu’il peut gagner une bataille sans lui. Mal lui en prit. Car, une semaine après son départ, les nouvelles qui parvinrent à Foulamory, n’étaient pas rassurantes. Alpha Yaya, est tombé dans une embuscade et n’arrive pas, à se tirer d’affaires. Lui et ses troupes, sont encerclés et sont sur le point, d’être pris. Face à cette situation alarmante, Alpha Yaya a trouvé le moyen, d’envoyer un messager à Mody Aguibou pour lui demander, de venir le sortir de cette embuscade. La réponse de ce dernier, ne se fit pas attendre. C’est un non ferme et catégorique. Il aura fallu, que tous les Farbas de la Cour du prestigieux Canton de Kaadé avec le Ngabou en dépendance, se retrouvent autour de Mody Aguibou, et lui faire des louanges tirés de son illustre ascendance, pour qu’il se décida enfin, à aller « libérer », son père. Il le ramena à la Maison, père et fils, chevauchant en tête des troupes dans un silence perturbé seulement, par les bruits des sabots de ces bêtes épuisées, par de longs jours d’une expédition qui a tourné au fiasco.
Depuis ce jour, Alpha Yaya, ne fit plus rien à sa tête. Désormais, la voix de Mody Aguibou, est prépondérante. Le Prince, paraissait plus fort que le Roi qui ne se déplaçait plus, sans son fils. A l’image du voyage, de Conakry à l’invitation du Gouverneur de la Guinée Française, la même qu’il avait adressée, à tous les Chefs Coutumiers de la Colonie. Il vous souviendra que, c’est aucours de ce séjour, qu’un griot Kouranko de Kissidougou du nom de Moussa Korofo, composa l’air « Alpha Yaya Mansalou be mankan, tonole ka gnadjibo » en l’honneur du Roi de Labé à cause, de sa légendaire générosité. L’Hymne National de la République de Guinée « Liberté », est tiré de cet air dédié au fils de Koumanthio Wali Sané. Mody Aguibou, était également aux côtés de son père lorsqu’il remporta, le Premier Prix du Meilleur Agriculteur de la Colonie. C’est à cette occasion, que l’actuel batiment qui abrite la DPJ et environs à Kaloum, lui fut octroyé avec titre foncier.
Mody Aguibou, sera aussi du voyage pour l’exil de son père, « 1905-1910 » à Abomey dans l’actuel Bénin, et de celui de Port Etienne actuel Nouadhibou, en Mauritanie « 1911-1912 » oû mourut des suites de scorbut, Alpha Yaya en Août de cette année. Mody Aguibou, sera retenu des années durant, au lieu d’exil de son père, avant d’être autorisé, à retourner en Guinée. Il ne retourna plus dans le Kaadé dont le Commandement, sera assuré par son fils Mody Sory qui eut pour entre autres fils, Elhadj Thierno Aliou, Général Thiana Diallo, Nénan Aye Bobo Kaadé, Nénan Oumou, son homonyme Aguibou qui fut, Vice-Président du Conseil d’Admnistration du Grand Lycée du 2 Août à Conakry. Mody Aguibou, mourut à Yembering et y repose à jamais.
Dans son programme d’entretien des tombes des Rois et Princes Kaldouyankés, la Fondation Karamoko Alpha mo Labé a aménagé celle de Mody Aguibou Diallo.
Amadou Diouldé Diallo