Il est admis que dans les sociétés matriarcales, le neveu constitue un maillon important de la transmission de l’héritage familial surtout quand il est d’ordre politique.
Si c’était le cas à Porédaka, on ne s’étonnerait nullement que Mohamed Béavogui vive dans la peau de son personnage. Que le fils de Hadja Laila la sœur cadette de Diallo Telli, soit un modèle de ressemblance à son oncle. Mais il faut plutôt s’intéresser d’abord au parcours exceptionnel de l’oncle ensuite du neveu, pour se rendre à l’évidence qu’il ya bien une réincarnation jusqu’aux cimes de l’arbre tutélaire dont l’ombre et les fruits ont bien servis la Guinée, l’Afrique et le Monde.
C’est au cours d’une de ses visites rituelles aux « dudhés » écoles coraniques de son Canton, que le Timbonké-Amoroyanké Alpha Saliou Diallo, découvrit dans l’un d’entre eux, le jeune DIALLO Telli.il a 12 ans et a déjà le Coran entier dans sa tête. Il l’inscrivit aussitôt à l’école française de Porédaka.
Au terme du cycle au village, le jeune surdoué va poursuivre ses études successivement à Mamou, Conakry, Dakar au Sénégal et Paris en France.
Devenu fonctionnaire de l’administration coloniale Française, Diallo Telli servira comme Magistrat à Thiès avant d’être le premier noir à occuper le poste de Directeur de Cabinet du Gouverneur Général de l’AOF (Afrique Occidentale Française). A l’indépendance de la Guinée le 2 Octobre 1958, Diallo Telli comme d’ailleurs bon nombre de cadres civils et militaires de notre pays, vont renoncer à leurs privilèges pour venir servir le jeune Etat. C’est avec ses talents de diplomate chevronné, qu’il obtiendra au prix d’une intense bataille, à faire admettre la Guinée à l’ONU, le 12 Décembre 1958 soit deux mois et dix jours seulement après son accession à l’indépendance et à la pleine souveraineté.
C’est avec la même volonté de servir que Diallo Telli, se verra confier la noble et exaltante mission d’asseoir les bases de la toute nouvelle Organisation de l’Unité Africaine OUA créée le 25 Mai 1963 à Addis Abeba en Ethiopie qui en sera le siège.
Il devient le Premier Secrétaire Général de l’Organisation avant de rentrer définitivement en Guinée au terme de deux mandats, et se voir confier le Ministère de la Justice.
La suite on la connait. Arrestation et détention au camp Boiro dans le fameux complot Peul de 1976, assaisonné de la haine et du mépris de la « situation particulière du Fouta », expressive de la négation, de la discrimination, de l’exclusion et de la décapitation des fils de toute une région.
Diallo Telli mourut de diète noire au camp Boiro le 1er Mars 1977.
Même mort dans des conditions effroyables, le fils de Mody Kindi Diallo et de Néné Kadiatou Diallo de Tounkan-Porédaka et digne époux de Néné Kadiatou Diallo Sampiring,Yembéring-Mali, continue de porter le culte à la Guinée et à l’Afrique. Pour avoir fait l’histoire, Diallo Telli reste toujours dans la Majesté.
N’en déplaise.
Amadou Diouldé DIALLO.