MONSIEUR DANSA KANTE MON PROFESSEUR

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Il était venu pour faire l’Humanité. Il l’a fait et il est reparti tout doucement, tranquillement sans gêner personne, allongé sur un lit de malade ou ramené des soins dans un cercueil. Mon Professeur, s’en est allé alors qu’il se rendait à Sangarédi pour assister, au mariage de la fille de notre ami commun Bachir Diallo. En dépit de l’insistance de ce dernier, de renoncer au voyage et les alertes de trois pannes de voitures dont la mienne, mon Professeur a eu l’audace de l’entêtement parcequ’il avait rendez-vous avec la mort, au moment où le soleil jette ses derniers rayons sur la terre, entre Tanéné et Boffa, à bord d’un taxi qu’il avait déplacé au forceps avec son ami de toujours, Doudou Keita qu’il avait difficilement convaincu, de faire le voyage avec lui. Parceque mon Professeur, tenait à ne pas rejoindre seul, l’autre monde. Il en fut ainsi ce samedi 15 Février 2025.

Mon Professeur avait promis à son frère et ami le Général Bourèma Condé, qui s’inquiétait de ses nombreux déplacements à l’intérieur du pays, dans son Koumbia natal particulièrement, qu’il effectuait là, son dernier voyage. Il en fut ainsi. Un aller sans retour parceque le billet émis par le Seul Agent de voyage qu’est Dieu, ne comportait pas un retour, parcequ’il fallait donner raison à l’Historien Jean Baptiste Vico qui disait citation : «  l’Humanité est constituée de plus de morts que de vivants ». fin de citation. Il fallait donc que mon Professeur quitte «  l’Humanité verticale pour celle Horizontale », celle de la Vie Eternelle. Le limon de la Guinée était entrée dans la composition de la chair de mon Professeur qui se connaissait comme le bout d’une raquette, et qui appartenait à l’aristocratie intellectuelle avec un tranchant de sabre, sans jamais s’enfler de superbe ou de vanité, d’orgueil ou de prétention. Il a toujours ordonné le convenable, interdit le blâmable et cru fortement en Dieu notre Créateur.

L’unanimité faite autour de mon Professeur, atteste avec certitude, qu’il hume déjà les senteurs du Paradis avec ses pâturages d’Amour. Jamais, mon Professeur n’a soustraité les combats de la vie, il y a pris part en première ligne, sans satisfaire des besoins de prestige, et sans érosion de l’éthique et du droit.

Mon Professeur, était ce Capitaine de bateau capable de trouver les bons vents pour naviguer paisiblement grâce à une voilure de qualité. Car, pour lui, il fallait mieux être à bord du bateau et tenir le gouvernail, que d’être à quai et contempler la berge.

Mon Professeur de Philo-Idéo au secondaire à Gaoual, celui qui initia  et corrigea mes premières plumes, a suivi sa vie durant, son instinct et son destin qui l’ont conduit, à l’exercice de hautes fonctions politiques et administratives, tout en ayant le social comme livre de chevet. Pour  Monsieur Dansa Kanté, fils du fer et du feu comme le célèbre Ecrivain Camara Laye de Kouroussa, si l’histoire est têtue, il faut l’enseigner pour éviter ses répétitions et ses erreurs.

Dieu merci que le Professeur, nous a bien enseigné afin qu’à notre tour, et dans la trame générationnelle, l’Histoire soit le bréviaire de tous ceux qui comme lui, font et feront l’Humanité.

Amadou Diouldé Diallo