Le village pourrait tirer son nom Dara, de la prestigieuse Résidence des Almamys Alphaya de Timbo. On lui aurait ajouté Labé, pour marquer les nouvelles terres offertes par Karamoko Alpha mo Labé au puissant Marabout Barry de la famille des Woyabhés, qui resta des années durant, au chevet du Premier Almamy du Fouta, le Seydiyanké Alpha Ibrahima Sambégou Barry, pour le soigner d’une dépression mentale qui malheureusement, eut raison de lui. On pourrait donc conclure, que c’est l’association des deux, qui donna Daralabé. que le choix du village pour être la Résidence de tout Almamy de Timbo, en séjour dans le grand Diwal de Labé, serait également motivé par ce dévouement à la cause de Karamoko Alpha mo Timbo. On le verra, les familles Barry Woyabhés de Daralabé et la famille Régnante Kaldouyanké de Labé, vont nouer des liens très forts par les mariages et le partage des connaissances Islamiques. Des exemples attestent bien de cette proximité qui constitue, un jalon important dans la consolidation des assises sociologiques de cette partie du Fouta par la vérité selon laquelle, la Géographie est la première composante de l’Histoire. Ainsi, Alpha Saliou fils de Mody Abdoulaye Wora, mo Mody Mamadou Dian mo Thierno Mamadou Cellou dit « Karamoko Alpha mo Labé », prit pour épouse « Pati Dienabou ». de leur union, naquit Alpha Ibrahima Bassagui, le père de Alpha Yaya. A l’inverse, Thierno Moussa Tafsir, épousa une des filles de Mody Mamadou Dian qui donna naissance à l’Erudit Thierno Billo mo Dara. Le Nguériyanké Alpha Bacar Diari prit aussi femme à Daralabé en la personne de Dienabou Barry dite « Nen Dara ». c’est la mère de Elhadj Saifoulaye Diallo, le grand leader politique qui proclama l’Indépendance de la Guinée, le 2 Octobre 1958. Sur le plan Islamique, un des arrières-petits fils de Karamoko Alpha mo Labé, le Séleyanké Thierno Sadou mo Dalein , fut un compagnon de prestige de Thierno Oumar Rafiou mo Dara à tel enseigne qu’au décès du premier, c’est le second qui prononça l’oraison funèbre. Aussi, ceux sont ses deux Walious, qui conseillèrent aux Almamys de Timbo non seulement l’alternance « Alphaya » et « Soriya », mais aussi, de ne pas toucher à Saikou Oumar Foutiyou Tall en séjour au Fouta. Que c’est un python qui se dirige vers l’ouest. Autant éviter de couper sa tête au risque de voir le Fouta, en payer un très lourd tribut. Les Almamys de Timbo, respectèrent à la lettre, les recommandations des deux Saints Hommes. C’est à Daralabé aussi, que vint s’installer Thierno Oumar Pérédio Sow, neveu et chef du « Dudhal » du Waliou Thierno Aliou Bhoubha Ndiyan. C’est pourquoi, peu avant sa mort, il recommanda à ses talibés dont son fils Thierno Abdourahmane, de venir achever leur instruction coranique à Daralabé. Un livre écrit par son neveu, le Professeur Ba Caba, retrace d’ailleurs, la visite de Nénan Mariama Fady à son fils avec une génisse comme « thiardhi diandé » c’est-à-dire le prix du savoir à son Maitre et cousin Thierno Oumar Pérédio de Daralabé. Un autre mariage, fut contracté mais cette fois-ci chez les Sow, la famille Régnante de Tountouroun. Thierno Abdoul Gadiri Barry qui fut chef de Canton de Sannoun et père du brillant Cadre Elhadj Rafiou, prit pour femme Nénan Binta Sow qui sera mariée en deuxièmes noces, par un autre descendant de Karamoko Alpha mo Labé, Alpha Saliou Wora mo Alpha Mamadou Cellou Wora, tous deux , Chefs de Canton. Ils eurent pour filles, Fatimatou, Dalanda et Safiatou Diallo, donc de même père que Hadja Ray Wora, qui épousa Elhadj Alpha Oumar Rafiou de même père que ses trois demi-sœurs. A noter enfin, que l’actuel Khalife Général du Fouta, Elhadj Abdoul Gadiri Dionfo Diallo, est l’homonyme de Thierno Abdoul Gadiri Barry qui, alors qu’il était chef de Canton de Sannoun dont relevait Dionfo, arriva dans le village juste au moment ou venait de naitre un garçon. On lui donna automatiquement le nom. Voilà qui prouve à suffisance, que Daralabé s’étend comme une toile araignée sur le diwal de Labé en général et le Fouta en particulier. C’est pourquoi, il mérite cette ode à sa gloire afin de rappeler, sa place prestigieuse et forte dans cet ensemble de l’encrier et du sabre, d’une histoire vécue à perpétuer par l’appropriation de tous et de chacun d’entre nous.
Amadou Diouldé Diallo