Beaucoup d’observateurs de la scène politique Africaine, sont parvenus à la conclusion, que le vote massif des quatre vingt quinze pour cent de la dernière Présidentielle Gabonaise, était un score à la Soviétique. En revisitant l’histoire et la sociologie des peuples de ce pays de l’Afrique Centrale, on peut être tenté de croire, que leurs conclusions sont hâtives. en effet, il est pratiquement établi que les Fang, constituent ce qu’on peut appeler, les autochtones de ces terres particulières, du littoral et des forêts. ils appartiennent, au Grand Groupe Bantou dominant, jusqu’au niveau des grands lacs au Burundi et au Rwanda avec les Hutus. en interrogeant de plus près la géographie, on se rend compte que les pays voisins du Gabon, Cameroun, Guinée Equatoriale, Congo Brazzaville notamment, que les Fang ou leurs dérivés, dominent l’activité politique. Paul biya, Théodoro Obiang Nguema par exemple. le Premier Président du Gabon, Léon Mba, était Fang aussi. c’est avec le soutien et la complicité de la France, la puissance coloniale, que Albert Bongo converti à l’Islam, et devenu Oumar Bongo Odimba, sera placé à la tête du pays avant que son fils, Aly Bongo Odimba, ne lui succéda. Mais durant la cinquantaine d’années au pouvoir, les Bongo ont toujours tenu compte, de cet aspect sociologique pour faire du Premier Ministre, un Fang. ces derniers, n’ont jamais cachés leur ambition ardente, de reprendre ce qu’ils considèrent, comme leur dû, leur propriété, leur patrimoine, leur « droit divin ». C’est dans cette veine, que le tout puissant ministre de l’Intérieur André Mba, s’était porté candidat contre Aly Bongo Odimba à la Présidentielle. il aurait été par la suite, empoisonné à l’aide d’un micro et en mourut.
Cette perte cruelle, souleva des vagues de contestations chez les Fang que même, l’organisation de la CAN deux mille dix sept au Gabon, ne calma point. de telle sorte que, le Président Aly Bongo plusieurs fois annoncé à Oyem, la Capitale de la Province du Wolen Ten, le fief des Fang, n’osa pas y mettre les pieds. Pourtant, à l’intérieur de ces terres Gabonaises, en plus de l’avion, vous avez le majestueux fleuve Ogoué, qui est longé par la route bitumée, et le chemin de fer. Exactement, comme le fleuve Rhin en Allemagne. la contestation des Bongo à diriger le Gabon reposerait sur le fait, que les Fang les considèrent, comme des Batékés Congolais de Brazzaville ; en tout cas, leur village à Franceville, se trouve à l’extrême limite de la frontière. et pour ne pas arranger les choses, le mariage de Bongo Père avec la fille du Président Denis Sassou Nguesso, aurait accrédité la thèse selon laquelle, il marque une sorte de retour au pays des ancêtres ; dans ses sociétés où le matriarcat est la règle, l’irruption, puis l’élection, du Général Coltaire Brice Nguema à la Présidence de la République Gabonaise, vient régler d’abord, une question sociologique, ensuite politique. c’est le meilleur choix qui pouvait s’offrir aux Gabonais, en coupant la poire en deux ; l’Ancien Aide de Camp de Bongo Père, servait l’Oncle Maternel avant le Président ; il était un Prince du Palais, et jouait avant tout, le rôle du neveu.
Maintenant que Clotaire Brice Nguema est Fang de Père, voilà que cette communauté, fait le plein des urnes pour en arriver à ce qu’ils considèrent, comme une réparation de l’Histoire ; et c’est justement pour tenir compte des équilibres à la fois régionaux et sociologiques, que le nouveau Président, a aussitôt fait l’inverse, de ce que faisaient, ses Oncles Maternels, les Bongo. Le Premier Ministre et bien d’autres grands commis de l’Etat, ne seront plus issus, des Fang, leurs postes seront désormais dévolus, à des fils d’autres régions du Gabon. Comme quoi, et partout du moins en Afrique, on ne saurait parler, de bonne gouvernance sans tenir compte, des faits historiques et sociologiques. même le pouvoir dynastique des Eyadema au Togo, en a tenu compte, dans la succession du Père Gnassimgbé. On a vite fait, de préfèrer à celui qui était préalablement désigné, Faure, dont la mère, est du Sud afin de pallier, la position dominante du Nord avec la ville de Kara, celle des Eyadema. Comme le tout nouveau Président Gabonais, Faure Gnassimgbé, est aussi le fruit, d’un métissage qui favorise, l’équilibre souhaité, dans l’exercice du pouvoir au plus haut sommet de l’Etat.
Posez vous bien la question en Guinée même, pourquoi au lendemain des douloureux événements de Janvier- Février deux mille sept, le Général Lansana Conté poussé au mur par les syndicalistes, a été contraint de nommer un Premier Ministre sur une liste de quatre proposés. Il a fait le choix de Lansana Kouyaté. Au-delà de ses compétences avérées, qui en faisait un méritant indiscutable, il ya le fait que, sa mère Hadja Mbambé Soumah, était de Koba, à un jet de pierre de Moussayah-Loumbayah, le village natal de Lansana Conté dans le Bouramaya Fotonta; Ce sont à vue d’œil, des considérations au vernis subjectif certes, mais qui entre bien en ligne de compte, dans les choix des hommes, la lubrification des relations, la cohésion sociale et l’unité nationale. Elles participent ces considérations, au partage du pouvoir, et des revenus issus, de l’exploitation des ressources du pays. De nos jours, le métissage est devenu, l’articulation portante, du multiculturalisme à telle enseigne, qu’on peut bien se poser la question de savoir si Victor Hugo avait eu raison de dire citation « Il faut se marier à sa porte, aux gens de sa sorte ». Fin de citation.
Amadou Diouldé Diallo