Le Cadi de Kaadé et Roi de Labé, était tranquillement assis sur son trône lorsqu’il reçut, une invitation du Gouverneur de la Guinée Française, à se rendre à Boké oû le Commandant de Cercle, devait l’accueillir et préparer, leur rencontre. Ne se doutant absolument de rien, Alpha Yaya, ne prit aucune disposition particulière pour effectuer, le voyage du Kakandé. Juste une petite colonne d’hommes de la Cour, et sa garde personnelle composée, de fidèles lieutenants dont la plupart, sont de la famille de sa mère, la Tiedho, Koumanthio Wali Sané, la fille du Roi de Ngabou, Diankéwali Sané qui fut, défait et sa province rattachée au Fouta, à travers le Diwal de Labé, lors de la mémorable bataille de Tourban-Kansala.
Quelle ne fut la surprise de Alpha Yaya, de se voir séparé de ses hommes et interné, au Fortin de Boké, oû on retrouve encore, sa sagaie et les habits qu’il portait ce jour là. Il était à présent, à la merci des colons Français, qui venaient par cet acte crapuleux de trahison, de décapiter la résistance, sur les montagnes du pays Peul. Alpha Yaya, fut embarqué à bord d’une vedette au débarcadère du Rio Nunez, pour le milieu des eaux, dès qu’il mit pied à bord ; Direction Conakry. Durant tout le trajet, Alpha Yaya, installé dans une cabine avec peu de commodités, faisait l’objet, d’une étroite surveillance.
Seul face à ses pensées, il ne pouvait que contempler la mer et ses lointains rivages, refusant de s’alimenter et tenant des propos malveillants, à l’endroit des colons Français. Malheureusement, tout cela, ne pouvait plus servir à rien, du moment qu’il n’avait aucun moyen de moblisation de ses troupes, et de résistance. L’étau venait de se resserrer sur le Roi de Labé, neuf ans après, la défaite de l’autre résistant à la pénétration coloniale au Fouta, l’Almamy Bocar Biro Barry, à la bataille de Porédaka, le Samedi 14 Novembre 1896. Arrivé à Conakry, Alpha Yaya fut condamné à la déportation à Abomey au Dahomey (actuel Bénin). Le 28 Janvier 1905, il fut embarqué à bord du navire Français, le Taurus. Il y sera exilé jusqu’en 1910 avec certains membres de sa famille dont son fils et général de ses Armées, Mody Aguibou.
Alpha Yaya fera des enfants durant son exil, comme Nénan Binta « Dahomey » qui repose, au Mausolée de son Ancêtre le Kaldouyanké Karmoko Alpha mo Labé, dont elle est de la 7e Génération. Le retour de Alpha Yaya au pays, fit renaitre de l’espoir quant à la poursuite, de la lutte contre la pénétration coloniale. Des braises ardentes soufflent sur tout le Fouta, partout, on se prépare, des moyens humains, matériels, et militaires sont mobilisés. L’administration coloniale infiltre les rangs du Roi de Labé. Le 31 Octobre1911 au petit matin, Alpha Yaya est jugé et condamné à 10 ans de prison, de transfèrement et d’internement à Port Etienne (actuel Nouadhibou) en Mauritanie. Coupé de ses arrières et de son pays, déçu, affaibli et malade, Alpha Yaya mourut de scorbut, le 12 Août 1912. Dix ans plus tard, son fils Mody Aguibou, fut autorisé, à retourner en Guinée ainsi que d’autres de ses compagnons, comme son fidèle Conseiller Oumar Comba qui alla, finir ses jours chez lui dans le Kaadé, Mody Aguibou lui, s’installa à Yembéring oû, il s’éteignit et repose à jamais.
La Fondation Karamoko Alpha mo Labé, se propose de construire, un Mausolée à sa mémoire après celui réalisé, et inauguré, récemment à Timbo, de Thierno Mamadou Dian le 2e Garçon, de ce même Karamoko Alpha mo Labe. Les restes du Roi de Labé, Alpha Yaya Diallo, furent ramenés au pays en 1968 en même temps que ceux, de l’Almamy Samory Touré, et de Morifindian Diabaté, par le Président Ahmed Sékou Touré.
Amadou Diouldé Diallo